Témoignages

Où et comment ont-été vécues des pénuries d'eau potable?

Comment le vivent les habitants?

Pour vous le raconter nous nous sommes déplacés dans un département impacté (> 10 % des communes en pénurie d’eau potable à l’automne 2018, voir la carte)

Nous avons recueilli 22 témoignages d'habitants subissant une sécheresse doublée d’une pénurie d’eau potable. En résumé cela donne ceci:


Evelyne, habitante, maman de 2 enfants

"On s'est débrouillés et on a fait avec."

“C’est notre sujet de discussion à tous. On est solidaires. Mais ça nous énerve quand on monte là-haut (une ville à 15 km en amont par laquelle passe la rivière du village) et qu’on constate qu’ils ont de l’eau et qu’ils continuent de laver leurs voitures. On sait pourquoi on a plus d’eau... “


Emilie, maire d'une commune de 1400 habitants

"Nous nous sentons désarmés."

“On a les mains liées côté administratif et pourtant il faut qu’on se débrouille. Quand la pénurie est survenue c’était l’urgence et il fallu trouver des solutions de crise pour les administrés. On a trouvé un laitier à qui on a loué le camion citerne. Il a fallu faire des allers-retours jusqu’à 3 fois par jour. Et j’en passe...”


Pierre, éleveur de vaches à Comté

"On a jamais été habitués à ça."

“Pour le foin on sait qu’on va pouvoir tenir un peu grâce à la solidarité agricole. Pour l'eau nous avons mutualisé une citerne agricole avec 2 autres communes (solidarité rurale) et on nous a donné l'eau.

“Il n’y a plus d’herbe, les vaches vivent déjà des réserves de foin au mois d’août. Le prix du foin va grimper, ça va revenir très cher."


Gérard, chercheur

"C’est la quatrième étude hydrogéologique qu’ils commandent et on leur dit : vous ne pourrez pas avoir plus d’eau, c’est physiquement impossible. Même avec des forages de 600 mètres de profondeur sous la ville... Mais vu que la municipalité est très attractive ils continuent de grossir, de construire. On leur a dit !  "


En 2018, à l'échelle d'un territoire, ça donne ceci:

Nous nous sommes déplacés sur le territoire présenté ci-dessous pour réaliser les interviews.

Les communes en rouge subissent des ravitaillements par camion citerne. Celles en orange ont réussi à se brancher sur d'autres communes. Celles en jaune sont au bord de la pénurie en eau ou celles qui en sont sorties. Nous sommes dans un des départements les plus pluvieux de France, le Doubs, à la fin de l'automne. Et ce n'est pas le seul département.

Source: Direction Départementale des Territoires du Doubs

Les pénuries d'eau potable: une conséquence logique et prédictible sur certains territoires qui supportent mal les sécheresses prolongées

Le point commun entre tous les territoires qui ont traversé des pénuries d'eau est leur sous-sol qui conserve mal l'eau en quantité suffisante: ils sont donc vulnérables à des sécheresses prolongées. Ces sécheresses "exceptionnelles" arrivaient peut être une année sur trente dans le siècle dernier, mais à partir de 2050/2060 elles se produiront une année sur deux dans beaucoup de territoires. Les sécheresses de 2018 et de 2019 étaient un avant goût de ce qui devriendra de plus en plus régulier. Le nombre de communes risquant des pénuries d'eau potable va s'étendre. Des approches peuvent permettre de les anticiper, de se préparer, de réagir (voir idées reçues) - dans beaucoup de cas.


Territoires vulnérables